La précarité énergétique estivale, un fléau urbain qui affecte plus de la moitié de la population française
Vague de chaleur précoce qui bat des records d’intensité et de durée, la chaleur ressentie est beaucoup plus difficile à supporter, les organismes doivent s’adapter brusquement à des températures dignes d’un mois de Juillet Août ! Dans certains logements anciens, on parle même de précarité énergétique estivale
À chaque épisode caniculaire désormais c’est le même scénario qui se produit : la ville se transforme en piège à chaleur, les sols et façades absorbent et retiennent les rayonnements qui restent très intenses la nuit, les températures descendent trop peu.
Des îlots de chaleur toujours plus intenses et récurrents
La population plus dense en ville, les bâtiments qui absorbent les rayonnements créent des îlots de chaleur urbains dans un grand nombre d’agglomérations, même de taille moyenne. On peut végétaliser certains immeubles ou maisons, il existe des solutions pour abaisser significativement la chaleur urbaine, elles impliquent une réflexion globale sur ce sujet.
Ce phénomène d’îlots de chaleur est bien connu et même cartographié, la température au centre des ville peut atteindre 10°C de plus qu’en périphérie, et ceci depuis les années 1930. Une étude américaine à mis en évidence que les zones les plus chaudes coïncidaient également avec les quartiers les plus pauvres, avec davantage de pathologies liées à la précarité énergétique estivale que dans les quartiers les plus favorisés.
Les matériaux noirs stockent la chaleur en journée, elle est rejetée la nuit, et les matériaux blancs (pierre et verre) reflètent les rayonnements et la chaleur. Cette chaleur stockée et redistribuée la nui provoque des désagréments très importants.
Repenser totalement la ville en fonction de la chaleur
Lors des pics de chaleur, les habitants des villes suffoquent et se précipitent en masse vers les espaces verts synonymes de fraîcheur. Les grandes villes mettent en place des projets de végétalisation et d’éco-urbanisme, réduisent la place de la voiture en ville. Le goudron, le béton et la pierre doivent céder la place à des zones d’espaces verts qui vont transformer les îlots de chaleur en îlots de fraîcheur. Des mesures ont montré que des zones réaménagées avec des espaces verts ont perdu jusqu’à 5°c lors des pics de chaleur. La nuit du 18 au 19 Mai 2022 il a été mesuré une différence de 3 ou 4°c entre le centre de Paris et la grande couronne.
Des bouleversements urbanistiques majeurs sont à prévoir, faute de quoi la dérive climatique va rendre les villes invivables d’ici 2050.
L’architecture joue un rôle extrêmement important, notamment les toitures en ardoise, les toitures bitumées et tout ce qui est sombre accroît l’albédo global des bâtiments. Des écarts de 1 à 12 degrés sont constatés entre ville et campagne, le taux de mortalité est directement impacté par ces écarts.
Les estimations du FMI pour 2100 sont alarmantes : si rien n’est fait pour modifier l’habitat urbain, 74% de la population mondiale, elle-même à 80% concentrée dans les villes, subira plus de 3 semaines/an des canicules mortelles.
Le recours massif à la climatisation ne peut pas être une solution d’avenir, on estime que d’ici 2050 le nombre de climatiseurs va doubler et aggraver encore le phénomène d’îlots de chaleur si rien n’est fait structurellement.
La précarité énergétique estivale, un problème méconnu et répandu qui touche les plus défavorisés
La précarité énergétique n’est pas uniquement un problème hivernal, puisque selon l’ADEME en 2020 ce sont 52% des ménages français qui disent avoir souffert du chaud pendant au moins 24h en raison du manque d’isolation et de mauvaise ventilation. Ce chiffre est certainement sous-évalué car ce problème est encore peu étudié.
Pour les ménages aisés, le problème n’existe pas car leurs maisons ou appartements sont récents, bien isolés et performants sur le plan énergétique. Les populations les moins favorisés sont les plus exposées à la précarité énergétique estivale car ils occupent des logements anciens voire vétustes, mal isolés, trop petits par rapport à leur taux d’occupation.
80% des bâtiments des villes doivent être réhabilités d’ici 2050
La précarité énergétique n’est pas uniquement un problème hivernal, puisque selon l’ADEME en 2020 ce sont 52% des ménages français qui disent avoir souffert du chaud pendant au moins 24h en raison du manque d’isolation et de mauvaise ventilation. Ce chiffre est certainement sous-évalué car ce problème est encore peu étudié.
Pour les ménages aisés, le problème n’existe pas car leurs maisons ou appartements sont récents, bien isolés et performants sur le plan énergétique. Les populations les plus exposées à la précarité énergétique estivale car ils occupent des logements anciens voire vétustes, mal isolés, trop petits par rapport à leur taux d’occupation.
La rénovation thermique des bâtiments, enjeu prioritaire au regard du changement climatique, ne doit pas se concentrer uniquement sur l’hiver, car le confort en été est devenu une préoccupation majeure. L’isolation globale, l’occultation des vitrages, la façon dont on va ventiler l’air sont des éléments clé des villes de demain. Les investissements publics doivent être massifs et ciblés selon les besoins, par typologie de bâtiments, en fonction de la situation géographique et de l’âge du logement, la nature de la construction, les solutions les plus performantes seront différentes.
La taille des villes est un facteur aggravant, plus elles sont grosses plus elles sont chaudes. Conscients de cette problématique, certains pays ont délibérément stoppé l’expansion des mégapoles. Il est fort probable qu’à l’avenir les tailles des villes tendent à se réduire tant les conditions de vie au cœur des centres ville sont difficiles à supporter en cas de fortes chaleurs et plus globalement en été.
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